« C’est beau, mais tout le monde ne peut pas se le permettre » : la phrase qui nous empêche de regarder nos choix en face

Par Céline Baron, sophrologue et coach de vie

On l’entend partout : dès qu’une personne raconte un projet mené à bien, un changement de vie, un accomplissement, surgit cette sentence polie et un peu venimeuse : « C’est beau, mais tout le monde ne peut pas se le permettre ! » À force de l’entendre, on finirait presque par y croire ! Pourtant, cette phrase est souvent fausse, et surtout, elle nous empêche de voir ce que nos vies révèlent vraiment : des choix, pas des impossibilités. Comment y voir plus clair ? En lisant derrière les mots et en comprenant bien qu’il est plus facile de se donner des excuses que des objectifs bien concrets !

Je vais être directe : en dehors des situations où la maladie, la précarité ou un effondrement mental empêchent réellement d’agir, la plupart des “je ne peux pas” sont en réalité des “je ne veux pas assez”, “je ne veux pas payer le prix”, ou “je ne suis pas prêt à renoncer à telle chose”. Ce n’est pas un jugement. C’est un constat. Et tant qu’on se cache la vérité, on ne peut pas avancer. C’est la base de toute thérapie.

Psychologiquement, dire « je ne peux pas » est très confortable. Cela supprime la responsabilité personnelle et fabrique l’illusion d’une contrainte extérieure absolue : le travail, les enfants, le budget, la fatigue, la région, le métier. Une manière élégante de dire “la vie décide pour moi”. En réalité, c’est souvent un mécanisme d’évitement. On préfère croire à une impossibilité plutôt que d’avouer que certaines choses ne sont tout simplement pas nos priorités.

Prenons des exemples simples. Beaucoup de personnes affirment ne pas pouvoir acheter une maison, changer de vie ou partir plusieurs mois, tout en dépensant sans sourciller en vêtements, en restaurants, en manucures ou en voyages express. Non, ce n’est pas un manque de moyens : c’est un système de choix où la gratification immédiate passe avant la construction sur le long terme. Renoncer à un plaisir fait peur. Renoncer à un plaisir peut faire mal à l’ego. Économiser demande de la discipline. Et se priver temporairement n’a rien de séduisant. Alors on dit « je ne peux pas ». C’est plus doux que “je n’ai pas envie de faire les efforts que ça implique”.

Et puis, il y a la peur du changement, ce moteur invisible qui dicte plus de vies qu’on ne l’admet. Changer de région, changer de métier, réduire son confort, accepter l’inconnu : tout cela active nos alarmes internes. L’être humain préfère rester dans une situation qui ne lui convient pas tout à fait, plutôt que de s’aventurer vers une situation qui pourrait être meilleure mais qui le déstabilise. Alors, encore une fois, “je ne peux pas” sert de bouclier. On masque la peur derrière un argument financier ou logistique. Ça passe mieux. Sans compter le : « Si j’étais toi je ne le tenterais pas… Tu risques de perdre ta stabilité »…

Mais le plus intéressant, c’est la comparaison. Quand quelqu’un ose, fait, transforme, il devient un miroir gênant. Il reflète nos renoncements, nos immobilismes, nos rêves laissés de côté. Alors, pour atténuer ce petit pincement intérieur, on lance : « Vous avez de la chance ». Comme si la chance tombait du ciel, comme si certains recevaient un cadeau que d’autres n’auraient pas mérité. C’est une façon très élégante de dire : “Je n’ai pas fait ces choix-là, et ça me dérange un peu que tu les assumes.”

Prenons un exemple concret. Un couple, convaincu qu’il ne construirait jamais rien dans la ville où il vivait, a décidé un jour de prendre son libre arbitre au sérieux. Ils ont quitté la ville, changé de travail, et acheté une maison à rénover pour moins de 50 000 euros à la campagne. Sept années entières de travaux, de sacrifices, d’économie, de compromis, de soirées à poncer plutôt qu’à sortir, de vacances sacrifiées, d’anxiétés sur l’avancement. Sept ans à investir dans un projet plutôt que dans le quotidien. Quand la maison a été terminée, ils l’ont revendue. Avec cette plus-value, ils ont acheté plus grand, dans une région plus belle. Et autour d’eux, les réactions n’ont pas tardé : « Vous avez de la chance ! » Non. Ce n’est pas de la chance. C’est du choix. Du renoncement. De la discipline. De la volonté. De la persévérance. Ce que l’on nomme “chance” chez les autres est souvent la somme invisible de décisions courageuses.

On entend aussi cette phrase dans le domaine de la maternité, et elle en dit long sur nos mécanismes internes. Une femme raconte qu’elle allaite depuis un an, qu’elle a réorganisé son budget, son rythme et ses priorités pour que cela fonctionne. En face, une coiffeuse lui répond : « C’est super… mais moi, avec mon métier, je ne peux pas me le permettre. » Ce « je ne peux pas » n’est pas vrai. Pas dans le sens littéral. Allaiter un an en travaillant est difficile, contraignant, fatigant, parfois épuisant, mais c’est faisable lorsqu’on décide d’ajuster son mode de vie : dépenser moins, réduire le superflu, ralentir temporairement, réaménager son emploi du temps ou s’organiser autrement. Ce n’est pas l’impossibilité qui bloque, c’est le prix à payer. Et ce que cette phrase signifie réellement est plus inconfortable : « Ce n’est pas ma priorité. Je choisis de conserver mon niveau de dépenses, mon rythme, mon confort, mes habitudes. M’investir dans l’allaitement long n’est pas mon choix numéro un. » Ce n’est ni une faute, ni une preuve de mauvaise volonté : c’est un choix, simplement un choix. Mais dans un univers saturé d’injonctions maternelles, dire la vérité demande un courage énorme. Alors on préfère l’illusion de l’impossibilité : c’est le métier, c’est la vie, c’est “comme ça”…

En réalité, ce n’est pas le métier qui empêche. Ce sont les priorités qu’on ne veut pas nommer. Et tant qu’on continue à se cacher derrière un « je ne peux pas », on se prive de la seule chose qui libère vraiment : reconnaître que l’on choisit. Que l’on choisit toujours, même quand on prétend que non.

Dans une société où tout doit être confortable, où l’on voudrait la réussite sans la frustration, et les changements sans efforts, le libre arbitre est presque devenu tabou. Pourtant, il est central. Le libre arbitre, ce n’est pas la capacité à faire exactement ce qu’on veut. C’est la capacité de choisir ce qu’on fait avec ce qu’on a. Et surtout d’assumer ces choix. Il n’est pas nécessaire de tout vouloir. Pas tout le monde veut allaiter un an, acheter une maison, voyager seule, déménager ou changer de métier. Et c’est très bien ainsi. Ce qui fait souffrir, ce n’est pas le choix que l’on fait. C’est de croire qu’on n’a pas choisi.
On se prive d’un immense pouvoir en refusant simplement de reconnaître que notre vie est construite par nos décisions — les petites, les grandes, les conscientes, les automatiques.

Dire « je choisis autrement », c’est affranchissant. C’est adulte. C’est aligné.
Dire « je ne peux pas », quand ce n’est pas vrai, c’est s’enfermer dans une cage dont la clé est dans notre poche.

La liberté commence souvent là : dans la lucidité un peu brutale, mais profondément libératrice, de dire
« Ce n’est pas que je ne peux pas. C’est que je choisis autre chose. »

Et c’est peut-être la seule phrase qui permet vraiment d’avancer.

Ceux qui s’en sortent le mieux dans la vie moderne ont cette qualité insoupçonnée

Vous avez sûrement remarqué ces personnes qui semblent avancer sans effort apparent dans un monde où tout va trop vite et où le stress est omniprésent… Elles réussissent non seulement professionnellement, mais elles cultivent aussi un bien-être intérieur que beaucoup envient… Qu’est-ce qui les distingue vraiment des autres ? Ce n’est ni leur intelligence brute, ni leur chance, ni même leurs diplômes.

Ce qui fait la différence, ce sont des habitudes et des attitudes souvent invisibles : écouter les autres, prendre des décisions réfléchies, agir avec constance, et surtout, créer un lien profond avec le monde qui les entoure. Psychologues et experts en développement personnel s’accordent à dire que ces qualités permettent de traverser les difficultés avec résilience et de construire une vie pleine de sens.

Tony Robbins, célèbre coach américain, ne dit pas autre chose lorsqu’il affirme que « la véritable croissance personnelle ne vient pas de ce que vous obtenez, mais de ce que vous contribuez ». Jim Rohn, son mentor légendaire, rappelle que nos résultats dépendent largement de notre entourage et de la manière dont nous interagissons avec la société. Brian Tracy, motivateur canadien, insiste aussi sur l’importance de se concentrer sur le service aux autres pour atteindre un accomplissement durable…

Alors, quelle est cette qualité insoupçonnée qui transforme la vie de ceux qui semblent réussir tout en restant épanouis ? Il s’agit du sens profond de la citoyenneté. Cette capacité à se soucier activement du bien-être collectif, à respecter des valeurs communes et à participer pleinement à la vie de sa communauté apporte un avantage considérable sur le plan personnel.

Les recherches en psychologie montrent que les personnes qui cultivent cette valeur développent plus rapidement l’empathie, la patience et la capacité à gérer des situations complexes. Elles prennent des décisions plus réfléchies, se sentent plus connectées à leur environnement et à leurs pairs, et cultivent une résilience émotionnelle qui les protège face aux épreuves. En d’autres termes, elles acquièrent non seulement le succès matériel, mais aussi une sagesse pratique qui guide toute leur vie.

En fin de compte, ceux qui possèdent cette qualité insoupçonnée semblent mieux réussir et mieux vivre. La citoyenneté active n’est pas seulement un devoir civique : c’est un moteur puissant de développement personnel et de bonheur durable.