La question de blacklister un membre toxique de sa famille sur les réseaux sociaux est souvent vécue comme un dilemme moral… Peut-on véritablement décider de couper le contact avec des proches, quand bien même ces derniers s’avéreraient toxiques pour notre bien-être ? Il faut une bonne dose d’amour de soi (self-love) et de courage pour sauter le pas. Si l’idée semble radicale, elle est pourtant de plus en plus courante à l’ère numérique, où les interactions se déroulent fréquemment dans l’espace virtuel. Examinons les raisons qui poussent certains à franchir ce cap et les bénéfices psychologiques qui en découlent.
La toxicité familiale à l’ère des réseaux sociaux
Il existe des situations où certaines familles deviennent sources de souffrance et de tourments. C’est le cas pour ces personnes qui voient leur vie minée par la négativité de membres proches. Les réseaux sociaux, espaces de partage et de connexion, deviennent alors des vecteurs de jugement, d’envie et de comparaison exacerbée. Ces plateformes, censées rapprocher les individus, finissent par cristalliser les ressentiments et donner un accès direct à la vie de l’autre, même aux aspects les plus intimes…
Prenons l’exemple d’Amélie. Sa tante, une femme sans empathie, hyper-centrée sur elle-même, n’a eu de cesse de juger Amélie depuis l’enfance : son physique au début, son poids ensuite, ses études, son mode de vie, son couple, sa façon de vivre sa maternité, tout était prétexte à la critique ! Cette tante n’a jamais connu elle-même ni la vie de couple ni la maternité, et pourtant elle se permet d’exercer une pression constante sur Amélie, agissant avec une condescendance délétère. Cette toxicité ennuie Amélie qui aime dire ce qu’elle pense aux gens. Elle doit donc se réfréner sans cesse alors même que la défense est ici légitime ! Chaque jugement reçu sur une photo postée, une réussite partagée ou un moment de bonheur exposé l’agace car les commentaires sont toujours pleins de sous-entendus. De plus elle remarque que la femme ne like que des photos de son mari ou de ses enfants mais met un point d’honneur à ne jamais « liker » les photos d’elle ou de son travail. Par cette forme de mépris la tante souhaite ne pas encourager Amélie à continuer ses projets, à obtenir des réussites qui probablement la poussent, elle, face au miroir. C’est donc une toxicité avérée. De plus les liens physiques sont eux totalement distendus depuis toujours, Amélie ne voit sa tante « de visu » qu’aux enterrements ou très rarement, tous les 7 à 8 ans.
Le fait est que certains membres de la famille ne peuvent tolérer le bonheur de l’autre… Tant que leurs proches vivent des difficultés, ils se sentent en sécurité, voire valorisés dans leur propre existence. Mais au moment où ces proches commencent à réussir – obtenir un emploi prestigieux, vivre une belle histoire d’amour, voyager à l’étranger – ils deviennent la cible de critiques acerbes et de jalousie maladive. L’envie et le besoin de contrôle se manifestent sans filtre, exacerbés par le voyeurisme facilité par les réseaux.
Blacklister un proche : entre culpabilité et renaissance
La décision de blacklister un membre de sa famille est rarement prise à la légère. Au départ, cette action s’accompagne souvent d’un profond sentiment de culpabilité. L’idée de rompre les liens familiaux, même de manière partielle, va à l’encontre des valeurs inculquées par la société, celles qui prônent la solidarité inconditionnelle et le respect filial. Pourtant, persévérer dans une relation toxique sous prétexte de ce lien familial devient un fardeau insoutenable, affectant tant la santé mentale que physique.
Clémentine a longtemps souffert de la relation qu’elle entretenait avec sa cousine, une relation empreinte de jalousie et de rivalité déguisée. Sa cousine semblait vivre dans l’ombre de Clémentine, reproduisant chacun de ses choix de vie avec une insistance déconcertante. Lorsque Clémentine partageait une photo de vacances dans un endroit particulier, sa cousine se débrouillait pour visiter exactement les mêmes lieux peu de temps après, prenant des photos similaires pour les publier en ligne. Les vêtements que Clémentine achetait étaient rapidement imités, la couleur de ses cheveux, copiée sans la moindre originalité. Ce qui aurait pu sembler être de l’admiration ressemblait de plus en plus à un désir d’effacement de la personnalité de Clémentine, comme si sa cousine cherchait à s’approprier sa vie tout en lui renvoyant une image dévalorisante d’elle-même sur les réseaux sociaux.
Les commentaires que sa cousine postait, les sous-entendus en ligne, les critiques subtiles mais blessantes, tout cela avait fini par atteindre Clémentine au plus profond. Pendant des années, elle avait tenté d’ignorer, de se montrer compréhensive, de tolérer cette toxicité sous le prétexte qu’il s’agissait de la famille. Mais un jour, après vingt ans de ce jeu malsain, la coupe était pleine.
« J’ai effectué la démarche sous le coup de la colère », confie Clémentine. « Tout ce que j’avais en tête était vingt ans de malheur avec celle-ci ! Bon vent à toi ! ». Cette décision de couper les ponts, de la bloquer sur les réseaux sociaux, avait été impulsive, mue par une colère longtemps contenue ». Au départ, Clémentine pensait qu’elle reviendrait peut-être sur sa décision après quelques mois, qu’elle serait prise de culpabilité et qu’elle se résignerait à rétablir le contact. Mais au contraire, une fois la coupure effectuée, quelque chose d’inattendu s’était produit : « D’un seul coup, ma vie s’est comme allégée. » L’absence de sa cousine dans son quotidien virtuel et réel s’était traduite par une diminution immédiate du stress et de l’anxiété. Les critiques, les comparaisons constantes, les imitations étouffantes, tout cela avait disparu, et Clémentine avait ressenti un profond soulagement.
Elle a décidé de rester ferme dans sa décision. Plus le temps passait, plus elle se rendait compte que cette coupure était la meilleure chose qu’elle ait faite pour elle-même. « Aujourd’hui, ma cousine, je n’y pense plus et, du coup, plus personne ne m’en parle », raconte-t-elle avec un sourire apaisé. Le poids d’une relation toxique qui l’avait suivie pendant des années s’était évanoui, et la pression sociale qui la poussait à maintenir cette relation avait elle aussi disparu.
« Je pense que ce n’est pas parce qu’on est nés dans la même famille qu’on doit s’aimer ! » affirme Clémentine. Ce que cette expérience lui a appris, c’est que le lien familial ne justifie pas d’accepter la souffrance et la négativité. On a le droit de protéger son espace mental et émotionnel, même si cela signifie tourner le dos à un membre de sa famille. Pour Clémentine, ce choix fut un acte de réappropriation de sa vie et de sa liberté, une manière de dire non à la toxicité, quelles qu’en soient les origines.
Rapidement, une fois la décision assumée, une transformation s’opère. La culpabilité initiale laisse place à un bien-être tangible. Le fait de ne plus voir apparaître sur son fil d’actualités des commentaires empreints de négativité, de critiques injustes ou de jugements malveillants permet une respiration nouvelle, comme un poids retiré des épaules. Blacklister un proche revient à poser une limite claire et à affirmer que notre bien-être prime sur des liens nocifs.
Il y a un bénéfice psychologique évident dans cette démarche : c’est un acte d’auto-affirmation et de réappropriation du pouvoir sur sa vie. Nous ne subissons plus la pression des regards envieux ou critiques, mais choisissons qui a le droit de connaître notre quotidien, d’accéder à nos réussites et nos moments de joie. En prenant le contrôle sur cette dimension, nous faisons également l’expérience du pouvoir du choix, de la capacité de protéger notre sphère personnelle, et nous en sortons grandis. Cette première démarche de mise à distance rend également plus fort, car une fois la capacité à dire « non » développée, il devient plus aisé de le faire de nouveau face à d’autres situations toxiques.
L’accompagnement sophrologique pour évaluer et gérer le stress familial
La sophrologie, avec son approche holistique et ses techniques de relaxation dynamique, peut s’avérer d’une grande aide pour évaluer l’impact du stress engendré par des relations toxiques. Par le biais d’exercices de respiration, de visualisations positives et de relaxations corporelles, la sophrologie aide à prendre conscience des tensions accumulées, qu’elles soient mentales ou physiques, et à les évacuer progressivement.
Une première étape essentielle consiste à prendre conscience de la manière dont ces relations toxiques affectent notre bien-être. En sophrologie, nous pouvons travailler sur la mise en lumière des émotions ressenties face aux interactions familiales – est-ce de l’anxiété, de la colère, de la tristesse ? Cette identification permet de comprendre l’origine du malaise et de clarifier nos limites personnelles.
Ensuite, grâce aux techniques de sophrologie, il est possible de retrouver une forme de distance émotionnelle. La visualisation, par exemple, peut aider à imaginer une barrière protectrice entre soi et la personne toxique, permettant ainsi de se préserver du flux négatif. Les exercices de respiration profonde favorisent le retour à l’apaisement, même après une interaction particulièrement difficile.
En fin de compte, la sophrologie permet de renforcer l’estime de soi et de nourrir un sentiment de sécurité intérieure. Ce travail sur soi favorise la capacité à poser des limites claires et à se libérer des attentes et jugements extérieurs. Par le biais de la sophrologie, on peut non seulement apaiser les effets du stress familial, mais aussi apprendre à s’affirmer et à protéger activement son espace mental.
Conclusion : se libérer pour s’épanouir
Blacklister un membre de sa famille sur les réseaux sociaux, loin d’être un geste égoïste ou indifférent, peut se révéler une démarche nécessaire pour protéger son intégrité psychologique. C’est une forme de rupture avec la souffrance, une volonté de prendre en main sa propre vie. Grâce à des pratiques comme la sophrologie, chacun peut apprendre à identifier les sources de stress et à poser des limites saines, en vue de construire un environnement émotionnel harmonieux. Après tout, la véritable famille est celle qui nous porte, nous élève, et non celle qui nous enchaîne à la souffrance.

