Comment j’ai écrit « L’été Gigi », mon roman thérapeutique édité sur le deuil, les amours de jeunesse et les amis disparus

L’écriture de mon premier roman thérapeutique fut une véritable odyssée intime, un voyage au cœur des souvenirs et des émotions enfouies ! Ce livre est né d’un besoin viscéral de transcrire le deuil, d’explorer l’adolescence avec ses tourments et ses désirs, et surtout de rendre hommage à certains amis qui ont marqué mon existence avant de disparaître trop tôt.

Une routine d’écriture entre introspection et discipline

Débuter ce roman signifiait avant tout m’imposer une discipline rigoureuse. Avant même de poser mes idées sur le papier, il m’a été donné de tenir en main un livre sur la survivance de la conscience, édité chez Chloé des Lys. La couverture m’a interpellée. Je suis uen personne très intuitive et à cet instant, j’ai interprêté mon attirance pour cet ouvrage comme un « signe ». J’avais donc en tête de contacter cet éditeur.

Chaque matin, je me levais aux aurores, lorsque tout le monde dormait encore, pour plonger et replonger dans cet univers bucolique des années 80 à 90 qui, peu à peu, prenait vie sous mes doigts. Une tasse de thé brûlant m’accompagnait tandis que je m’isolais dans mon bureau, plongée dans une bulle créative. Dehors, l’hiver déposait parfois une fine couche de givre sur les fenêtres, et j’écrivais emmitouflée dans un plaid, les doigts légèrement engourdis par le froid. Au printemps, c’était la lumière douce du matin qui baignait mon bureau, et le chant des oiseaux qui rythmait mes pensées. J’ai lu et relu le manuscrit une dizaine de fois, longuement. J’avais déjà été publiée, mais plutôt en ouvrages collectifs et dans le domaine du Développement personnel (guides).

Avant d’écrire, je relisais quelques passages de mes carnets personnels : des bribes de souvenirs, des échanges de lettres, des fragments de journaux intimes qui nourrissaient encore mon inspiration. J’avais besoin de me reconnecter à ces émotions authentiques, de retrouver les voix de Gigi, Tristan et Emma pour leur donner une existence propre.

Le lundi matin, jour que je m’étais volontairement réservé pour écrire, j’avais un autre rituel : je m’installais dans un Coffee Shop du coin. Un grand cappuccino à mes côtés, je laissais l’agitation des passants devenir une mélodie de fond. J’observais les gens, notais des détails dans mon carnet et laissais mon esprit vagabonder avant de plonger dans mon manuscrit. Il y avait une forme de liberté à écrire dans cet espace où je n’étais pas seule, mais où chacun semblait absorbé dans sa propre histoire… Aujourd’hui me souvenir de ces instants, sans tomber dans la nostalgie, est un puissant motivateur. J’ai terminé d’écrire deux autres romans thérapeutiques depuis L’été Gigi. Je sais que l’édition est un « temps long ».

L’après-midi était consacré à la relecture et aux corrections. Les mots étaient fluides, jaillissant avec une facilité déconcertante. Je viens du milieu de la presse et de la communication mais aussi de la spiritualité (j’ai fait des études de théologie à Strasbourg) et écrire est ma seconde nature.

Parfois, j’écrivais aussi entre deux dédicaces de « Voyage en Self-Love » et « Là où, là-haut, tu m’aimes ! » Entre deux signatures, je sortais mon carnet et griffonnais quelques phrases, souvent inspirées par les discussions que j’avais eues avec les lecteurs. Chaque échange ravivait en moi l’envie d’aller plus loin, de creuser encore plus profondément dans l’histoire que je racontais.

Un voyage dans le passé pour mieux comprendre le présent

L’écriture de ce roman a été une immersion totale dans mes propres souvenirs. J’ai revisité les étés insouciants, les nuits étoilées et les promesses murmurées sur le bord d’une route de campagne. J’ai voulu retranscrire cette intensité brute des premières amitiés, où tout semble absolu, où l’on croit que rien ne pourra jamais nous séparer.

L’un de ces étés, celui que j’ai appelé « l’été Gigi », est resté gravé en moi comme une brûlure douce. Ce qui est fascinant, c’est que cette histoire a d’abord pris naissance dans un rêve. Une nuit, j’ai vu une scène, presque irréelle, baignée d’une lumière dorée, où trois âmes s’entremêlaient, insouciantes, libres, éclatantes de jeunesse. Au départ, ces personnages n’avaient pas de visages distincts, ils n’étaient que des silhouettes mouvantes dans un décor estival. Mais au fil des jours, en revivant ce rêve encore et encore, des traits familiers ont commencé à émerger. Des visages connus sont apparus, des rires ont trouvé leur écho dans ma mémoire, et j’ai compris que ce rêve n’était pas une pure invention : c’était une réminiscence, un morceau de passé qui réclamait d’être raconté.

Gigi était cette amie solaire, insaisissable, qui enflammait leurs nuits de son rire éclatant et de ses idées folles. Cet été-là, ils avaient écumé les routes de campagne en scooter, cheveux au vent, sans destination précise, juste pour le plaisir d’être ensemble. Les vendredis soirs, ils se retrouvaient sur les berges d’une rivière, partageant une bouteille de vin blanc volée à la cave d’un parent distrait, refaisant le monde sous un ciel constellé.

Gigi aimait danser pieds nus sur l’asphalte tiède, et tous l’observaient, hypnotisés par sa grâce sauvage. Tristan, avec son regard d’éternel rebelle, jouait des accords de Joy Division sur sa guitare, tandis qu’Emma fredonnait maladroitement. Ce fut un été de promesses silencieuses, de rêves d’ailleurs et d’amours naissants, un été où tous avaient la certitude que rien ne changerait jamais. C’est cette vision que j’ai retenue pour mon livre.

Mais la vie suit son cours, et le deuil vient frapper à la porte, brisant cette illusion d’immortalité. C’est là que le roman prend une dimension plus profonde : il ne s’agissait plus seulement de raconter une histoire d’amitié et d’amour adolescent, mais aussi de faire la paix avec ces absences, de transformer la douleur en force vive.

L’écriture comme catharsis

Mettre en mots la perte et la mélancolie fut une expérience libératrice. J’ai compris que chaque chapitre était une étape dans mon propre processus de deuil. À travers Gigi, Tristan et Emma, j’ai pu revisiter les non-dits, exprimer les regrets et célébrer ces moments de grâce qui, malgré tout, perdurent dans nos mémoires.

Aujourd’hui, ce roman n’est plus seulement ce rêve que j’ai fait une nuit : il appartient à ceux qui le lisent, à ceux qui y reconnaissent leurs propres blessures et leurs propres amours perdus. Il est la preuve que nos blessures d’hier peuvent devenir nos forces vives de demain. Et qu’en les partageant, nous trouvons enfin un apaisement.

Écrire ce livre a été une aventure intime et bouleversante. Une manière de réapprendre à aimer, à se souvenir sans souffrir, à chérir les absents en continuant d’avancer. Et surtout, une manière de ne jamais les oublier.

L’été Gigi sur le site de mon éditeur

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