Mémoire et souvenirs douloureux : comprendre et atténuer leur impact émotionnel

La mémoire est une composante essentielle de notre identité. Elle façonne notre perception du monde, guide nos choix et influence nos émotions. Cependant, certains souvenirs, en particulier ceux liés à des événements douloureux ou traumatiques, peuvent devenir des fardeaux pesants. La question qui se pose alors est : peut-on atténuer ces souvenirs par soi-même, sans recourir à une thérapie spécialisée, tout en excluant les cas de deuil traumatique et les cas gravissimes et ardus ?

Comprendre la nature même du Souvenir : Une perspective psychologique

Pour aborder cette question, il est d’abord essentiel de comprendre comment les souvenirs fonctionnent. Contrairement à une croyance populaire, les souvenirs ne sont pas des enregistrements fidèles des événements passés. Ils sont reconstruits à chaque remémoration, influencés par notre état émotionnel, notre contexte actuel et nos croyances. Les travaux de Elizabeth Loftus, une psychologue renommée, ont démontré comment les souvenirs peuvent être altérés, voire falsifiés, au fil du temps. Ce phénomène, connu sous le nom de « malléabilité de la mémoire », suggère que les souvenirs sont dynamiques et peuvent être modifiés, volontairement ou involontairement. Pour exemple, il y a des années, je quitte un ami devant la faculté qu’il fréquente. Bien-entendu en le saluant j’ignore que ce sera la dernière fois que le vois ! Il décèdera peu de temps après. Dans mon esprit je me retourne et je le vois, de dos, marcher le long d’une longue avenue arrondie bordée d’immeubles modernes et de pelouse. Ce souvenir va prendre de la place et de l’ampleur jusqu’au jour où pour un coaching je me retrouve dans ce quartier. Je constate alors que l’avenue est une petite rue sinueuse qui passe même sous un pont de quinconce. Rien à voir avec la belle avenue aérée de mes souvenirs ! Je comprends alors que j’ai cristallisé cet instant-charnière de ma vie. Oui nos souvenirs nous mentent au fil du temps !

Les Piliers de la Psychologie à Connaître

Pour ceux qui souhaitent mieux comprendre la mécanique des souvenirs, il est utile de se plonger dans les travaux de certains auteurs clés. Sigmund Freud est un incontournable, avec sa théorie de la répression, selon laquelle des souvenirs traumatiques sont souvent refoulés dans l’inconscient. Bien que les théories freudiennes aient été largement débattues et critiquées, elles ont jeté les bases de la compréhension moderne des processus mentaux inconscients.

Carl Rogers, fondateur de l’approche centrée sur la personne, propose une vision différente. Il met l’accent sur l’importance de l’acceptation et de la compréhension empathique dans le processus de guérison. Pour lui, la création d’un environnement sécurisé permettrait à l’individu de revisiter et de réinterpréter ses souvenirs douloureux de manière plus constructive.

Un autre pilier est Aaron Beck, père de la thérapie cognitive, qui a démontré comment les schémas de pensée négatifs peuvent renforcer les souvenirs douloureux. En modifiant ces schémas, il est possible de réduire l’impact émotionnel des souvenirs.

La Sophrologie : Un Outil pour atténuer les souvenirs douloureux

La sophrologie, discipline qui combine des techniques de relaxation, de respiration et de visualisation, offre une approche holistique pour travailler sur les souvenirs douloureux. En état de relaxation profonde, l’individu peut accéder à des niveaux plus profonds de conscience, où les souvenirs peuvent être abordés sous un angle différent. La sophrologie vise à réduire la charge émotionnelle associée à ces souvenirs en réinterprétant l’expérience sous un jour plus apaisant.

Alfonso Caycedo, le fondateur de la sophrologie, a mis en avant le concept de « vivre l’expérience positive », qui permet de revisiter des souvenirs douloureux avec une perspective nouvelle et plus sereine. Cette technique ne vise pas à effacer les souvenirs, mais à diminuer leur poids émotionnel.

Des Auteurs à Lire pour Approfondir

Pour ceux qui souhaitent approfondir ce sujet, plusieurs auteurs et ouvrages sont recommandés :

  • Boris Cyrulnik : Son travail sur la résilience explore comment les individus peuvent se reconstruire après des expériences traumatiques. Son livre « Les Vilains Petits Canards » est particulièrement pertinent pour comprendre comment les souvenirs douloureux peuvent être réinterprétés.
  • Daniel Goleman : Auteur de « L’Intelligence Émotionnelle », Goleman explique comment les émotions influencent nos souvenirs et notre perception de la réalité. Comprendre ces mécanismes peut aider à mieux gérer les souvenirs douloureux.
  • Rick Hanson : Dans « Le Cerveau de Bouddha », Hanson propose des techniques basées sur la pleine conscience et la psychologie positive pour remodeler le cerveau et réduire l’impact des souvenirs négatifs.

Pourquoi Consulter un Sophrologue ?

Bien qu’il soit possible d’atténuer par soi-même l’impact des souvenirs douloureux, il est souvent bénéfique de se faire accompagner par un professionnel. En sophrologie, le praticien guide l’individu dans un processus de relaxation et de visualisation positive, aidant à revisiter les souvenirs sous un angle plus serein. Ce travail permet non seulement de diminuer la souffrance liée à ces souvenirs, mais aussi de renforcer les ressources intérieures et la résilience.

Ainsi, si vous vous sentez accablé par des souvenirs douloureux, sachez que des solutions existent. La sophrologie peut être un moyen puissant de reprendre le contrôle de votre mémoire et d’apaiser les blessures du passé.

Quand notre passé se répercute sur nos schémas de pensée actuels

Pouvez-vous avoir de la compassion pour le jeune que vous étiez ?

Nous sommes tous plus ou moins attachés ou retenus par nos différentes expériences de vie. Cependant, certains d’entre nous sont plus sensibles que d’autres à leur parcours personnel, affectif ou professionnel passé. Ils se sentent conditionnés par lui et sont incapables de se détacher de ses répercussions. Je remarque au cabinet que les personnes jusqu’à 35 ans environ s’avèrent, en général, être assez satisfaites lorsqu’elles regardent en arrière. Cela ne tient pas, en réalité, à la qualité effective de leur parcours de vie. C’est plutôt le regard qui est bienveillant et empathique. Puis vers 40 ans les choses changent parfois, se compliquent. Certaines personnalités « laissent aller » le passé facilement. « Oui j’ai fait la fête entre 25 et 30 ans, c’était la belle vie ! » disent-elles. Quand d’autres sont plus sévères envers elles-mêmes ! « J’aurais mieux fait d’étudier plutôt que de faire la fête ! Voilà le résultat, je suis ici assis chez vous à demander de l’aide ! » Le choix de regarder la jeune personne qu’on a été avec bienveillance et empathie, avec compassion, s’apprend et se travaille si elle n’est pas innée…

Crise de la quarantaine, crise du milieu de vie, crise de la moitié de vie, beaucoup de noms pour une réalité…

Quarante ans c’est souvent l’étape du bilan de vie qui résonne davantage en nous. On est dans la « mid-life crisis » comme disent les anglosaxons, la fameuse « crise de milieu de vie ». Nous, français, employons plus volontiers le terme « Crise de la quarantaine ». La quarantaine; l’une des périodes les plus lucides de la vie, la pleine maturité, qui nous fait parfois revoir notre passé « à la baisse ». La dolce vita, les longues vacances à l’étranger, les aventures éphémères que certains ont pu expérimenter semblent « perdre » leur rôle originel : la quête de sens ou de plaisir. Ces éléments sont revus, à la quarantaine, dans une version beaucoup moins positive : « du temps perdu » selon certains, « de belles erreurs » selon d’autres. Parfois on considère nos périodes de bonheur et de plaisir passées comme de simples manifestations de notre immaturité d’alors. C’est dommage. Les expériences font ce que nous sommes mais ne nous limitent pas à un seul rôle.

Comment je travaille en sophrologie pour pallier au « coup de blues » et à cette vague de regrets qui émerge à la quarantaine ?

Faire le point sans jugement

Personnellement j’ai eu un parcours riche mais je ne suis venue à la thérapie et à la sophrologie qu’en 2010. Auparavant, et depuis 1999, j’étais déjà à mon compte mais dans la communication relationnelle, ce qui est différent. En communication relationnelle on traite l’image, le langage, la posture. Il y a un objectif non pas de bien-être mais de « pouvoir » bien assis? J’ai également travaillé dans le monde de la presse et de l’édition, toujours dans la communication fine. C’est la découverte de la Technique Nadeau qui m’a menée, ensuite, à l’école de sophrologie, à la certification en psychopratique et à celle de Coach de vie. Je considère avoir resserré l’étau au fil des ans : Communication générale, communication personnelle, sophrologie et psychopratique. Pour moi chacune des étapes m’a été nécessaire. Mes longs séjours en Grèce m’ont permis d’expérimenter un autre rythme de vie et une autre spiritualité. Mon travail dans la communication relationnelle de mieux comprendre les responsabilités et les angoisses de chefs d’entreprise qui génèrent des millions…

Mais certaines personnes ne peuvent faire le lien entre leurs différentes expériences qu’elles soient personnelles, relationnelles ou professionnelles. C’est souvent une vraie angoisse pour elles de ne pas pouvoir saisir « le fil rouge » de leur vie.

Ce creuset d’expériences rejetées

Lors d’une anamnèse de base, je vais accorder un peu plus d’importance alors au parcours étudiant, professionnel et aux concrétisations en général. Beaucoup de clients affirment « n’avoir rien fait de bien » de leur vie. Mais en creusant on se rend compte qu’il y a justement un creuset méconnu ou plutôt « non reconnu ». Un homme par exemple dit qu’il n’a rien fait entre 2008 et 2010 mais en discutant avec lui je m’aperçois qu’il s’est occupé sans relâche de sa meilleure amie victime d’un très grave accident de moto. Ceci est l’exemple même de ce qu’on ne note pas dans un CV : l’aide apportée à un être cher ou pour résumer l’expression de l’empathie. L’anamnèse me permet de tirer des éléments positifs de chaque parcours

Valoriser les évènements heureux et les petites réussites

Il n’y a pas de valorisation sans verbalisation ni intégration. Prendre un instant pour « rapatrier » certains évènements dans le camp des « réussites » est un travail verbal mais aussi un travail sensoriel. J’aide mon client à se souvenir de l’ambiance de ces paliers positifs, de ces avancées significatives. Revivre la vibration, l’émotion, c’est assimiler du « bon ».

Se fixer de petits objectifs ou atteindre ceux qu’on a laissé de côté

Concrètement lorsque notre passé vient empiéter sur notre présent et l’assombrir, il faut jeter un cil aux grands rêves sous-jacents que nous avons peut-être abandonnés. Certains peuvent être repris ou modifiés. Si on se sentait des ailes pour gravir l’Everest à 20 ans, on peut peut-être, plus humblement, se préparer à l’ascension du Mont Blanc avec un guide à 40…

Revenir sur ce qui nous a procuré du bonheur pur et reproduire avec les moyens actuels

Qu’est-ce qui vous a plu dans votre vie ? Parfois une journée, une seule, reste gravée dans la mémoire. Recommencer n’a pas vraiment de sens. C’est souvent la rareté du souvenir qui en fait la beauté et qui donne du sens à la vie. Par contre certaines situations peuvent vous faire « revivre ». Vous n’aviez pas vu d’amis depuis des années et en séance vous vous remémorez le plaisir d’être porté par un groupe, de vous sentir soutenu et écouté ou tout simplement de rire ensemble ? Peut-être qu’une solution adéquate consisterait à aller de nouveau vers un groupe d’amis.

Vivre l’Instant présent

Vivre l’Instant présent c’est donner moins de prise sur nous au passé, surtout s’il est devenu un écueil. Mais vivre l’Instant présent s’apprend… Il s’agit de ressentir le plaisir en vivant sur nos sens : la vue, l’ouïe, le goût, le toucher… C’est ce que les exercices préparatoires de la séance de sophrologie vous invitent à faire. Grâce à cette étape vous pourrez ressentir un ancrage corporel fort mais aussi travailler en rythme avec le souffle et l’imagination. N’oubliez pas que c’est en vous concentrant sur que vous chasserez peu à peu les pensées parasites et ces regrets qui pointent le bout de leur nez à la quarantaine. La concentration permet de ramener de l’harmonie intérieure.

N’hésitez pas à me contacter pour découvrir les bienfaits de la sophrologie sur Vichy

Lecture : »L’Empreinte du corps familial, mémoire des cicatrices »

Je viens de terminer la lecture du livre de la psychanalyste Danièle Brun intitulé « L’Empreinte du corps familial, mémoire des cicatrices » sorti le 20 mars 2019 aux éditions Odile Jacob.

Contrairement à pléthore d’ouvrages traitant des liens familiaux et des blessures émotionnelles, il aborde le sujet des cicatrices bien physiques, de leur impact sur notre personnalité et de leur histoire. Oui, les cicatrices que nous portons sur le corps, qu’on les oublie ou qu’on ait du mal à les investir, qu’elles soient fiertés ou créatrices de complexes, nous content, du fond de leurs sillons, les événements charnières familiaux. Elles acquièrent au fil du temps une fonction de mémorial et constituent un trait d’union entre notre présent et les événements impactants de notre enfance.

Et si ces cicatrices nous permettaient tout simplement d’accéder, encore aujourd’hui, à notre histoire familiale, et mieux au « corps familial » entier, cette toile tissée de liens organisée comme un corps physique doté de membres ?

A travers nos cicatrices, il nous est possible d’entrevoir l’histoire inconsciente de notre famille, ces événements issus du désir familial, de la filiation, de l’amour ou du rejet, comme une « charpente » soutenant nos réseaux inconscients…

Un livre passionnant pour tous ceux qui veulent comprendre comment des événements familiaux à priori anodins ou révolus continuent de nous façonner au quotidien nous hantant de leurs « traces ».